31 janvier 2022 : conférence « Danser sous la yourte mongole », séminaire du CREM, Nanterre

Lundi 31 Janvier, 14:00 – 16:00
Salle 308F du LESC (3e étage)
MSH Mondes (bât. Ginouvès)
21, allée de l’Université, Nanterre

Raphaël Blanchier donnera une conférence lors du séminaire du CREM le 31 janvier

« Danser sous la yourte mongole : dynamiques d’interactions danseur-spectateur-musicien et production des affects partagés dans la performance de danse bii biyelgee »


Cette présentation invite à réévaluer la place de la danse bii biyelgee (danse des Mongols Oirad) dans le contexte du nair (fête) sous la yourte en Mongolie contemporaine. Connu pour ses mouvements d’épaules et ses mimes renvoyant à l’allure du cheval et au quotidien des pasteurs nomades des steppes, le bii biyelgee a été inscrit en 2009 sur la liste de sauvegarde urgente du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO. Ces caractéristiques en font une pratique essentielle pour comprendre le rôle que jouent les pratiques artistiques et patrimoniales dans l’attachement des populations à des valeurs partagées comme, dans notre cas, le fait de se sentir « Mongol ».
En repensant la danse non comme simple expression coutumière ou patrimoniale, mais comme un régime d’interaction spécifique, la présentation vise à proposer des pistes comparatives pour comprendre le rôle d’engendrement des affects partagés que peut jouer une pratique dansée accompagnée de musique et destinée à des spectateurs.
Mes recherches suggèrent que la danse, en faisant basculer les interactions coutumières de l’hospitalité vers un régime de perception kinesthésique et d’échanges fondés sur la mise en rythme partagé du mouvement du corps humain, contribue de manière significative à catalyser l’affect joyeux du nair. L’analyse qui sera présentée ici repose sur la mise en évidence de dispositifs interactifs singuliers promouvant l’interchangeabilité des positions de danseur et de spectateur (chant d’appel à la danse, modes de salutation à destinataires multiples : musicien, spectateur, autre danseur, mise en mouvement des spectateurs), ainsi que sur des modes d’engagement sensoriels complexes (sonores, visuels, kinesthétiques). Ces différentes caractéristiques de la danse dans le nair contribuent ainsi à l’émergence de modalités de participation complexes propices à catalyser l’affect joyeux du nair.