Saviez-vous que tout le monde est capable de sortir plusieurs sons avec une seule voix ? Un khöömiich (diphoneur, homme ou femme, en mongol) peut à lui seul émettre un bourdon vocal et réaliser simultanément une mélodie d’harmoniques entourée de diverses résonances. Cette acrobatie de la voix semble virtuose, mais elle est accessible à tous si on nous en donne les clés. N’importe qui peut être initié au chant diphonique (khöömii).
Vous êtes conviés à l’exposition de photos “Mongolie, intimités nomades”, de Marc Alaux, dans le cadre de l’exposition “Fils du ciel et des steppes. Gengis Khan et la naissance de l’Empire mongol”, qui se tiendra au Château des Ducs de Bretagne, Musée d’histoire de Nantes, du 16 octobre au 15 novembre 2020.
L’ethnomusicologue Johanni Curtet nous annonce l’ouverture d’un cursus de chant diphonique mongol, à l’Institut international des musiques du monde, en octobre 2020. Accompagné d’artistes mongols et touvas, son enseignement se basera sur son apprentissage auprès de ses maîtres en France et en Mongolie, ainsi que sur sa démarche d’ethnomusicologie et de musicien.
Isabelle Bianquis est heureuse de nous annoncer la sortie de son ouvrage en mongol, Монгол. Улс дахъ соёлын давлагаан: Профессор С. Дуламын намтар(Soyombo Printing), traduction de Mongolie. Une culture en mouvement, paru en 2013 (Presses universitaires François Rabelais).
Fin 1989-début 1990, l’impensable se produit : l’effondrement de l’Union soviétique signe l’arrêt de mort de la République Populaire de Mongolie. La nouvelle constitution adoptée 1992 instaure une démocratie parlementaire et une économie de marché en lieu et place de l’idéologie marxiste-léniniste. Ce mouvement voit naître une revitalisation sans précédent d’un sentiment nationaliste étroitement corrélé à une quête des racines. La recherche des traditions occupe dès lors une place centrale dans la définition d’une identité mongole ; Gengis Khan devient la figure de référence. Un immense enthousiasme conduit les intellectuels à jouer un rôle majeur dans ce mouvement de l’histoire : Sendenjav Dulam est de ceux-là. Fils d’éleveurs, ethnographe, spécialiste de mythologie, de chamanisme et de symboles, poète, ce grand chercheur occupe des fonctions politiques et des responsabilités au sein du Comité d’organisation des grandes célébrations « traditionnelles » nationales. Son exceptionnel témoignage rend compte d’une culture en mouvement tiraillée entre des modèles contradictoires et fait entrer le lecteur dans la vie quotidienne des nomades et des Mongols contemporains. S. Dulam retrace ici le sens d’une vie consacrée à la recherche et au service de l’État. Il démonte les mécanismes de sa contribution à la mise en forme des symboles nécessaires à la construction de la nation, mais il livre aussi ses doutes et ses positions face aux profondes mutations contemporaines.
Julie Philippe, responsable du pôle Développement des collections, nous informe que la BULAC recrute actuellement un agent contractuel à temps partiel pour le développement, le traitement et la valorisation du fonds mongol. Vous trouverez la fiche de poste concernée sur le site de la BULAC dans la rubrique “offres d’emploi“. Les candidatures peuvent être adressées à l’adresse collections@bulac.fr jusqu’au 31 octobre, pour une prise de poste au 1er janvier 2021.
Bonne rentrée à tous!
Bibliothèque universitaire des langues et civilisations 65 rue des Grands Moulins 75013 PARIS +33 1 81 69 18 60 www.bulac.fr
Johanni Curtet, ethnomusicologue, nous annonce la sortie du nouvel album “Jangar” de Khusugtun (Khusugtun, Jangar, livret trilingue 23p. anglais, français, mongol, Paris : Routes Nomades / Buda Musique, 2020).
Si Khusugtun était une image, ce serait des pétroglyphes… Si c’était un élément naturel, ce serait une rivière. Si c’était un personnage, ce serait Jangar, le héros de l’épopée éponyme. En mongol « khusug » désigne un chariot sur lequel on posait autrefois les yourtes pour nomadiser. Khusugtun signifierait « le peuple des chariots ». Intimement lié à leur culture nomade, ce terme est synonyme de « nomades » pour ces musiciens qui tournent à l’international depuis dix ans. Ce nom a été choisi par rapport à leur envie de nomadiser avec leur musique, à l’image de leurs ancêtres qui parcouraient le monde. Le groupe, officiellement créé en mars 2009, n’avait jusqu’ici qu’un seul album autoproduit à son actif : Khusugtun. Ethnic-Ballad Group (Oulan-Bator, 2009). La particularité de Khusugtun réside dans l’usage de lapolyphonie vocale réalisée à partir du khöömii et divers chants de gorge, ainsi qu’un répertoire presque entièrement dédié au chant diphonique mongol (khöömii). Spécifiques à chacun, les timbres diphoniques se complètent à merveille : Chulunbaatar est dans le registre le plus aigu (isgeree khöömii – khöömii sifflé), Ariunbold, Adiyadorj et Ulambayar sont dans les médiums, Batzorig dans le plus grave (kharkhiraa – khöömii profond). Amarbayasgalan n’est pas diphoneuse, mais sa douce voix féminine apporte une légèreté au spectre rempli des cinq autres, créant le nécessaire équilibre. Le khöömii est produit par une personne réalisant à elle seule plusieurs sons simultanément avec sa voix dont un bourdon vocal, une mélodie d’harmoniques et de nombreuses résonnances. Selon le choix de la hauteur du bourdon, la technique de modulation du son et la pression exercée sur les muscles de la gorge, les techniques diphoniques peuvent varier d’un individu à l’autre. Si les textes chantés sont parfois en voix claire, ils tournent souvent en voix de gorge pressée (shakhmal khooloi ou shakhaa) ou avec la technique de base profonde du kharkhiraa. Le groupe s’accompagne des vièles cheval (morin khuur), de leur version contrebasse (ikh khuur), du luth tovshuur, luth dombra, guitare, violoncelle, et cithare yatga. On trouve aussi des instruments à jeu diphonique, telles les guimbardes en métal (tömör khuur) et en bambou (khulsan khuur) ainsi que l’arc musical (numan khuur). Cet instrument était tombé dans l’oubli et Khusugtun le remet ici au goût du jour. Khusugtun a fait le choix du djembé pour la percussion – instrument emblématique de la World Music – pour créer des morceaux qui attirent les jeunes, afin que cette génération s’intéresse à la musique traditionnelle. Leur répertoire se compose de formes traditionnelles, comme les chants de louanges (magtaal), les chants courts (bogino duu), ou des compositions inspirées de la tradition, et des pièces instrumentales solistes (tatlaga) pour accompagner la danse bii biyelgee. Après leur association en 2009, de nombreux groupes sont apparus dans toute la Mongolie et jusqu’en Mongolie-Intérieure en Chine, jouant des musiques traditionnelles arrangées presque à l’identique. Après avoir été révélé par le Festival International de Khöömii d’Oulan-Bator en 2009, BBC Proms en 2011, Rainforest Music Festival en 2012, et classé 2e au Asia’s Got Talent en 2015, Khusugtun a désormais une renommée internationale. Il est devenu aussi l’une des influences du groupe-phénomène The Hu. Dès ses débuts le groupe caractérisait son style par des airs mélodieux destinés à purifier les gens du stress ambiant du XXIe siècle. Ce qui leur importe est qu’on les écoute en imaginant le paysage, la beauté de la nature, pour se libérer des soucis quotidiens. Grâce à un niveau d’interprétation hors pair, leur puissante musique remplie de grands espaces nous fait du bien.
Tournée printemps 2021 23 mars : La Soufflerie, Rezé (44) 25 mars : Le Rocher de Palmer, Cenon (33) 29 mars : Musée Guimet, Paris (75) 31 mars : Foyer de l’Opéra de Lille (59) 2 & 3 avril : Théâtre Molière, Bruxelles (BE) 5 avril : Festival Les Détours de Babel, Grenoble